
Handicap et stationnement : comprendre l’utilisation des places et les enjeux.
- Catégories Général
- Date 15 août 2025
Parfois enviées ou mal utilisées, les places de stationnement réservées aux personnes handicapées font partie intégrante de l’accessibilité de notre espace public. Mais pourquoi sont-elles si grandes ? Qui peut les utiliser ? Et surtout, comment mieux les penser et mieux les utiliser, pour garantir un usage adapté à tous les profils de mobilité.
Pourquoi les places de stationnements ont ces dimensions ?
Une place de stationnement adaptée est un dispositif d’accessibilité à part entière, régi par des normes précises et fondées sur des besoins réels des personnes ayant besoin de les utiliser.
Dans un établissement recevant du public
“Une place de stationnement adaptée correspond à un espace horizontal au dévers près, inférieur ou égal à 2 %. La largeur minimale des places adaptées est de 3,30 m et leur longueur minimale est de 5 m.” (arrêté du 20 avril 2017)
Sur la voirie et les espaces urbains
Cela dépend de la configuration de la voirie, mais des normes minimum existes. Voici un exemple.
On constate ici que la place de stationnement adaptée est nettement plus large et plus longue qu’une place standard.
Elle bénéficie notamment d’un surplus de 0,80 m en largeur, destiné à permettre aux personnes de sortir plus facilement du véhicule, notamment par le côté, en toute sécurité.
La longueur accrue de la place permet quant à elle de libérer un espace à l’arrière du véhicule, utile pour déployer un fauteuil roulant, une poussette médicale ou tout autre dispositif d’aide à la mobilité.

Ci-dessous, deux configurations couramment rencontrées :
- Sur l’image de gauche, le passager peut ouvrir complètement sa portière et effectuer sa descente de manière sécurisée.
- Sur l’image de droite, le conducteur ainsi que les passagers situés du côté conducteur disposent d’un espace suffisamment grand pour sortir sans danger, notamment vis-à-vis de la circulation piétonne.
Schémas des dimensions d’une place de stationnement réservée aux personnes handicapées. Stationnement en long, à gauche, et de plain pied, dans une rue à sens unique. La voiture rouge a été ajouté au schéma de la DMA (Délégation Ministérielle d’accessibilité)


Vous constaterez ici, que l’emplacement du panneau de signalisation ne gêne pas la circulation sur l’emplacement, et permet de monter et descendre par toutes les portières sans être gênées par un poteau. Il est disposé dans un angle de la place de stationnement.
Pourquoi cette largeur ?
- Pour permettre l’ouverture complète de la portière et le déploiement d’un fauteuil roulant ou d’un système de transfert. Il est a noté que les véhicules peuvent être dotés de rampe, de hayon ou d’élévateur pour permettre à des personnes en fauteuil roulant d’entrer et sortir du véhicule.
- Pour permettre aux personnes de descendre sur le côté du véhicule, ou à l’arrière dans le cas des véhicules aménagés avec une rampe, un élévateur ou un hayon.
Exemples d'utilisation des places adaptées.

Certaines personnes en situation de handicap invisible ont besoin d’utiliser une place de stationnement réservée et adaptée (PMR), notamment pour pouvoir ouvrir entièrement leur portière et faciliter leur montée ou descente du véhicule.
Il est essentiel de rappeler qu’un handicap n’est pas toujours visible. L’utilisation d’une carte mobilité inclusion stationnement (CMI-S) n’est délivrée qu’après instruction de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH), et son porteur est pleinement légitime à utiliser ces places, même si cela ne se voit pas.
Éviter les jugements hâtifs, c’est aussi contribuer à un espace public plus inclusif, plus respectueux… et tout simplement plus humain.

Les personnes utilisatrices de fauteuil roulant ont souvent besoin d’un dégagement important autour du véhicule, que ce soit pour installer le fauteuil à l’arrière ou pour permettre un transfert latéral en toute sécurité, avec ou sans assistance.
Lorsqu’une personne en fauteuil roulant manuel conduit son propre véhicule, le transfert latéral depuis le siège conducteur ou passager nécessite un dégagement latéral suffisant. L’accessibilité doit permettre un positionnement précis du fauteuil, l’ouverture complète de la portière, ainsi qu’une manœuvre autonome et sécurisée.

L’utilisation d’un fauteuil roulant implique souvent le recours à des véhicules spécifiques : plus grands, plus hauts, parfois plus encombrants.
Ces véhicules peuvent être équipés de dispositifs de descente latérale, tels qu’un élévateur (comme sur cette camionnette ci-contre), d’un hayon ou une rampe manuelle (photographie du bas). Quel que soit le gabarit du véhicule, ces systèmes nécessitent un espace latéral supérieur à la largeur d’une place de stationnement classique. Il est donc essentiel que cet espace reste dégagé. Or, les stationnements non réglementaires à proximité immédiate (ou le non-respect des bandes d’accès) compromettent directement l’usage de ces dispositifs.
Lorsque la descente s’effectue à l’arrière, l’espace nécessaire est également conséquent. Il faut non seulement
pouvoir déployer la rampe ou le hayon, mais aussi disposer d’une zone libre pour permettre au fauteuil de manœuvrer en toute sécurité.
Ces contraintes réelles imposent une réflexion à la fois sur l’implantation, la signalisation et le respect des places réservées, pour garantir une accessibilité effective aux personnes concernées.
Récapitulatif par des schémas.



Les erreurs fréquentes ou mauvaises utilisations des places de stationnements adaptés.
Les bonnes intentions (ou les méconnaissances) mènent parfois à de mauvaises pratiques.
Pour les usagers titulaires d’une carte mobilité inclusion Stationnement (CMI-S) :
- Se garer à deux sur une place, parce qu’il y a largement la place ! Cela part d’une très bonne intention mais cela engendre de très grosses difficultés pour certains utilisateurs. Cela gêne les déplacements, les transferts, voire empêche complètement l’accès au véhicule. Il faut penser à l’ensemble des modes d’utilisation des places.
- Occuper la bande d’accès (les bandes rayés ou non qui se situe à côté de la place de stationnement) : ce n’est pas une place « bonus », c’est une zone fonctionnelle, indispensable à l’usage de la place.

Ces places ne sont pas toujours utilisées de manière conforme ou optimale. Est-ce lié à une méconnaissance des usages ? Ou bien à un besoin réel, notamment lorsque l’utilisateur a impérativement besoin d’un large dégagement latéral ?
L’exemple présenté ici n’a pas vocation à porter un jugement, mais à illustrer l’importance d’une bonne compréhension des usages et des contraintes spécifiques liées à ces stationnements.
Il est possible que les personnes concernées aient volontairement laissé de l’espace à côté de leur véhicule, dans un souci de partage ou de respect.
Si on analyse ces photographies :
Le stationnement devrait être parallèle à la route. Ce véhicule est donc stationner dans le mauvais sens.
Si un autre véhicule vient stationner dans cet espace, et que l’usager déjà présent a besoin de ce dégagement latéral pour sortir ou déployer un dispositif (rampe, fauteuil, transfert…), l’accessibilité devient alors impossible.

Sur cette photographie (ci contre), on peut imaginer qu’un arrangement ait été trouvé entre deux personnes afin de bénéficier d’un stationnement à proximité du domicile. Et cela peut effectivement être le cas.
Cependant, ce type de configuration se répète de plus en plus souvent, y compris sans accord préalable entre les usagers.
Imaginons maintenant que le conducteur du véhicule gris clair, stationné à l’avant de la place réservée, doive sortir un fauteuil roulant de son coffre : la manœuvre serait tout simplement impossible, faute d’espace suffisant à l’arrière du véhicule.
Des usages inadaptés, lorsqu’ils se banalisent, peuvent créer des habitudes ancrées qui compromettent l’accessibilité effective des places PMR.
Respecter les places, c’est respecter les personnes.
Chacune de ces places raconte une histoire et permet à tous d’avoir des interactions et une vie sociale. Celle d’un parent qui déplie un fauteuil pour son enfant. D’un senior qui prend son temps pour descendre avec sa canne. D’une personne avec un handicap invisible qui a besoin de place pour déployer sa portière. Ou encore d’un personne en fauteuil roulant électrique qui sort par l’arrière ou le côté de son véhicule.
L’accessibilité, c’est un droit, mais c’est aussi un engagement collectif. Pensez à tout ce que cette place rend possible.
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Le panneau “interdiction de stationner – réservé PMR” est positionné de manière à ne pas gêner la descente latérale depuis le véhicule.
Les croix jaunes situées à l’avant et à l’arrière de la place signalent une interdiction de stationner aux autres véhicules à ces emplacements. Ce qui permet d’avoir un espace libre pour accéder facilement au coffre ou descendre par l’arrière du véhicule.
Il est également essentiel de prendre en compte la hauteur du trottoir et le dévers de la voirie : certains aménagements peuvent rendre impossible le déploiement d’un hayon élévateur ou d’une rampe latérale. Par exemple, un trottoir trop haut ou un dévers trop marqué peuvent bloquer totalement l’utilisation du dispositif.

Sur cette voie en double sens, la place PMR est aménagée avec un panneau implanté au centre de l’emplacement, directement sur le trottoir. Cette configuration soulève un problème majeur : comment une personne en fauteuil roulant peut-elle descendre à l’arrière de son véhicule si le panneau bloque l’accès ?
Dans cette situation, l’usager est contraint de descendre sur la chaussée, ce qui pose une question de sécurité.
Un positionnement du panneau à l’un des angles de la place, sur l’un des côtés, permettrait de libérer totalement l’arrière du véhicule et de garantir une descente en toute sécurité, notamment pour les personnes disposant d’une rampe ou d’un hayon.
Selon l’arrêté du 20 avril 2017, les places de stationnement PMR doivent mesurer au minimum 5 mètres de long. Pour les places en épi ou en bataille. Il est également préconisé d’ajouter un débord arrière de 1,20 m, matérialisé au sol. Ce dispositif permet notamment les manœuvres de descente par l’arrière.
Sur la photo ci-dessus, la place mesure 2,50 mètres de large et comporte une bande latérale de 0,80 mètre, réalisée dans une texture différente. Elle répond ainsi aux critères prévus par la réglementation en vigueur.
Toutefois, la présence de pavés soulève une problématique d’accessibilité : par nature irréguliers, les pavés peuvent entraîner des pertes d’équilibre chez certains usagers, notamment ceux ayant des troubles de la marche ou de l’équilibre.
Pour les utilisateurs de fauteuil roulant, cette texture est souvent inconfortable et peut entraver le bon fonctionnement des dispositifs de transfert latéral, tels que les hayons ou rampes.
Le choix des matériaux est donc un élément clé pour garantir la qualité d’usage, au-delà du simple respect des dimensions réglementaires.
Pour certains véhicules de grand gabarit, tels que ceux utilisés par les maisons de retraite, les établissements médico-sociaux ou certains particuliers, une longueur de 7 à 8 mètres est aujourd’hui recommandée, afin de garantir un usage confortable et sécurisé de la place. Il est aussi intéressant de proposer des places de stationnements en dehors des zones limitées en hauteur afin de permettre aux véhicules de plus de 2,20m voir 2,50 de stationner. Ces véhicules sont courants lors de transports de personnes.
Les bonnes pratiques...
L’accessibilité, ce n’est pas seulement une affaire de centimètres. C’est une question de qualité d’usage.
Intégrer des bandes latérales sur le côté, quand c’est possible. Ces zones empêchent le stationnement et facilitent la descente sur le côté du véhicule. Ils ne seront ainsi pas gêner par les stationnements des véhicules à côté.
Prévoir un cheminement accessible et protégé depuis la place pour faciliter la descente et trouver son chemin jusqu’à l’entrée du bâtiment ou sur l’espace public.
Entretenir le marquage et la signalisation : une place effacée ou non signalée, c’est une place plus difficile à trouver.
- L’emplacement du poteau de signalétique a beaucoup d’importance pour faciliter l’accès à tous et garantir la sécurité. Privilégiez de le mettre à un angle de la place pour ne pas gêner les sorties de personnes de leur véhicule.
- Proposer des places de stationnement pour les véhicules hors gabarit (grande longueur, hauteur et largeur). Ils sont nombreux car plus confortables pour le transport de personnes à mobilité réduite. Ces véhicules n’entrent pas dans les parking aérien ou sous-terrain et ne peuvent pas se rendre sur les parkings avec limitation de hauteur.
Les dévers importants doivent être évités.
- Les trottoirs doivent être quasiment inexistant autour des places pour faciliter les déplacements.
Les formations et le consulting de Mocalina
Mocalina propose des formations et du consulting pour les professionnels dans le domaine de l’accessibilité. Contactez-nous via le formulaire de contact pour en savoir plus ou prenez connaissance de notre catalogue de formations.
Références :
Les images ont été créées par Canva Pro. Les images proviennent de :
- Laura LIEVEAUX
- De la banque de données de Canva Pro.
- De la DMA : Délégation Ministérielle d’Accessibilité (pour les schémas)
Master 2 - Pratiques Inclusives, handicap, accessibilité, accompagnement. Conseiller en accessibilité et accompagnement des publics à besoins éducatifs particuliers (BEP)
Titre Professionnel : Formateur Professionnel Pour Adultes.
+ 20 ans d'expérience dans le domaine du handicap, de l'accessibilité.
De nombreuses expériences professionnelles dans le public, le privé et associations différentes. Dont 7 ans comme instructrice accessibilité dans un service dédié au cadre bâti.
Savoirs expérientiels.
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